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lundi 18 novembre 2024

Haydn 2032 - volume 16 - The Surprise

Juan Gris (1887-1927)  Arlequin assis à la guitare(1919). Musée National d'Art Moderne (Paris)


Le seizième volume de Haydn 2032 par Giovanni Antonini, Il giardino armonico et le Kammerorchester Basel est consacré à des symphonies de la haute maturité de Joseph Haydn (1732-1809) : la n° 90 datant de 1788 et les n° 94 et 98, deux symphonies Londoniennes composées en1792. J’ai préféré aborder ces oeuvres dans l’ordre chronologique et non dans l’ordre où elles figurent dans le CD. En complément figure dans cet album la sinfonia, La scala di sete, de Gioachino Rossini (1792-1868). Le compositeur de Pesaro admirait l’oeuvre de Haydn et s’en inspira à l’occasion.


Symphonie n° 90 en do majeur, Hob I.90

Première des trois symphonies dites d'Ogny, la symphonie n° 90 en ut majeur et les deux autres n° 91 en mi bémol majeur et n° 92 en sol majeur, dite Oxford, résultent d'une nouvelle commande du Concert de la Loge Olympique à Joseph Haydn. Elles parurent pour la première fois à Paris en 1790 chez Le Duc (1) mais les symphonies n° 90 et 91 étaient déjà composées en 1788. La symphonie n° 90 est écrite pour un effectif comportant le quintette à cordes, deux hautbois, une flûte, deux bassons, deux cor en do, deux trompettes et les timbales (ces deux dernières rajoutés ultérieurement). D'après EC Robbins Landon, deux cors basso doivent être employés si les trompettes et les timbales sont présentes, par contre si on choisit une orchestration sans timbales ni trompettes, il faudra utiliser des cors alto (2).


La symphonie débute par une introduction adagio dont le fortissimo initial surprend. La suite se déroule piano et donne aux deux bassons un rôle important. Le thème de L'allegro assai 4/4 avait déjà été énoncé dans l'introduction à un tempo bien plus lent. Ce thème, des notes répétées spiccato aux violons, suivies par un gruppetto possède une énergie latente non dépourvue de charme. D'emblée on remarque dans ce mouvement la beauté de l'orchestration, la nervosité des basses, l'importance des bois et les sonorités aiguës et même perçantes des cors et des trompettes. Ce mouvement est une structure sonate aérée avec un second thème bien distinct énoncé par une flûte puis par le hautbois, très simplement accompagnés par les violons. L'exposition se termine piano par un court motif de sept notes. C'est ce motif qui initie le développement en donnant lieu à des imitations entre violons et basses. Le second thème est repris en fa majeur toujours par les bois mais c'est le premier thème qui apparait fortissimo et donne lieu à un passage contrapuntique très énergique, puissamment scandé par cors, trompettes et timbales. Lors de la re-exposition on note d'abord des modulations nouvelles accompagnées de sforzandos ainsi qu'un nouveau contrechant chromatique qui en se superposant au thème initial apporte une soudaine densification du discours musical.


Andante en fa majeur 2/4. Ce mouvement, typique de Joseph Haydn, est un compromis entre le thème varié et le rondo. Le thème aux premiers violons doublés par un basson a un caractère populaire, il est richement harmonisé par les seconds violons. Le couplet qui suit en fa mineur, est typique des minore présents au centre de maintes symphonies de la maturité. Les contrastes fréquents entre passages fortissimo et pianissimo accentuent son caractère dramatique. L'épisode suivant en fa majeur, est une variation lumineuse dans laquelle le thème est joué par une flûte virevoltante et accompagné par des violons staccato alors que les autres instruments se taisent. Le retour du couplet en fa mineur n'apporte pas de grands changements. On revient en fa majeur avec une nouvelle variation. Le thème est maintenant confié au violoncelle solo et le premier violon solo accompagne avec des sextolets spiccato, le style est celui de la musique de chambre, du quatuor à cordes en fait car les vents se taisent. C'est enfin une merveilleuse coda qui termine ce morceau: la flûte et les autres bois s'emparent du thème tandis que le premier violon accompagne de triolets de doubles croches et les autres cordes de pizzicatos, le hautbois module en ré bémol majeur puis revient en fa, la fin pianissimo met en jeu tous les instruments de l'orchestre traités en solistes. Haydn nous ravit une fois de plus avec une orchestration à la fois transparente et subtile.


Le menuetto très développé a acquis dans cette symphonie un poids et une signification musicale comparables à ceux des autres mouvements. C'est le hautbois qui tient la vedette dans la délicieuse petite valse du trio.


Les caractéristiques que nous avons aimées dans le premier mouvement: importance et indépendance des bois, éclat des cuivres, nous les retrouvons dans le finale Allegro assai 2/4. Le thème de ce finale léger et populaire a un caractère schubertien. Anthony Hodgson fait remarquer que ce thème prend toute son extension dans un magnifique tutti où le thème est clamé par les basses et les bois à l'unisson fortissimo sous les trémolos des violons (3). Ce thème alimentera l’exposition, le magnifique développement et la re-exposition. Tout s’arrête et on croit le mouvement terminé mais, facétie du génial compositeur, après une pause, le thème initial reparaît dans la tonalité éloignée de ré bémol majeur et le finale se termine dans un ut majeur clairement affirmé par une combinaison d’un rythme militaire aux cuivres, aux timbales et aux basses fortissimo et du thème principal aux violons, passage grandiose rappelant la fin de la symphonie n° 82 l'Ours en ut majeur également.


Le Canigou (1921) Buffalo Art Museum


Symphonie n° 94 en sol majeur, La Surprise, Hob I.94

Elle a été créée à Londres le 23 mars 1792. J’ai eu le bonheur de travailler à l'alto cette symphonie dans un orchestre symphonique. C'est une expérience instructive que d'écouter cette oeuvre "de l'intérieur". La partie d'alto se trouve au coeur du groupe des cordes et de mon poste on a une vue très particulière sur cette oeuvre emblématique de Joseph Haydn. On constate que sous une façade particulièrement aimable, se cache une oeuvre bien plus élaborée et complexe qu'il n'y parait. 


Le premier mouvement est une merveille d'harmonie. Après une introduction lente Adagio cantabile ponctuée de zones d’ombre, survient le joyeux Vivace assai au thème principal bondissant. Les mélodies s'enchaînent avec douceur et naturel, on croit qu'il y a plusieurs thèmes alors que cette forme sonate est construite sur la seule idée de départ. Le développement est relativement court (cinquante mesures) et constamment dans le mode mineur. La re-exposition est variée avec fantaisie. Ces considérations s'appliquent évidemment aux trois autres mouvements. Au delà de la maîtrise technique, il faut évidemment essayer de bien exprimer tout l'humour qui pullule dans cette partition, c’est ce que font avec maestria Giovanni Antonini, Il giardino armonico et le Kammerorchester de Bâle.  


L’andante en do majeur est devenu célèbre à cause de son fameux coup de timbales, destiné, parait-il, à réveiller les auditeurs somnolents. Justement l'exécution doit éviter ce piège car si les auditeurs s'endorment c'est que l'orchestre a échoué! Ce n’est pas le cas de la présente exécution pleine de charme et de fantaisie. Selon H.C. Robbins Landon, ce thème fameux se trouve également dans des esquisses de Mozart qui prouvent que ce dernier avait pour projet de l'utiliser dans une oeuvre nouvelle qui ne vit jamais le jour. En tout cas ce morceau enchanteur se termine par une reprise du thème pianissimo par les vents avec une harmonisation mystérieuse des cordes. 


Le menuetto, est noté allegro molto par Haydn. Ce tempo contraste avec celui généralement modéré du menuet qui rappelons-le est une danse généralement gracieuse. C’est peut-être une nouvelle plaisanterie du facétieux compositeur à moins que l’on y voie une tentative disruptive de renvoyer le menuet de cour aux poubelles de l’histoire et de le remplacer par le scherzo.


Le finale allegro molto est un rondo sonate typique avec un développement central basé sur le thème du refrain. La re-exposition est pleine de surprises et l’oeuvre se termine sur un fortissimo d’où émergent des trompettes et des timbales déchainées.  


© Photo Pymouss  La bouteille de rhum et le journal (1913) 


Symphonie n° 98 en si bémol majeur, Hob I.98

La symphonie n° 98 a été créée le 2 mars 1792 à Londres mais pourrait avoir été composée avant la précédente, probablement au cours des semaines qui suivirent le décès de Wolfgang Mozart. Plusieurs musicologues ont relevé dans cette symphonie plusieurs allusions à Mozart sous forme de citations. En outre, l'atmosphère de ses deux premiers mouvements, plus grave que de coutume, suggérait que Joseph Haydn avait composé cette symphonie en mémoire de son ami. L'instrumentation de la symphonie comporte le quintette à cordes, une flûte, deux hautbois, deux bassons, deux cors, deux trompettes et timbales. Un clavier (probablement un clavecin) intervient dans la dernière partie du finale. Certains auteurs ont suggéré que ce solo de clavecin constituait la marque de la présence du continuo tout au long de l’oeuvre (5). En tout état de cause cette symphonie est une des plus grandes de Haydn. Marc Vignal voit dans cette symphonie la première d'une lignée d'oeuvres aux vastes proportions en si bémol majeur aboutissant à la symphonie n° 5 de Bruckner (6).


L'introduction adagio en si bémol mineur est brève et donne d'emblée une couleur sombre à l'oeuvre. L'allegro 2/2, alla breve, reprend le thème de l'introduction transposé en si bémol majeur. Un second thème formé d'un dessin ascendant de quatre noire apparaît en fa majeur. Peu avant les barres de reprises, un troisième thème est joué par le hautbois solo et donne lieu à une admirable suite modulée au caractère romantique d'une grande intensité. Le développement est construit principalement sur le premier thème qui donne lieu à des entrées de fugue à une mesure de distance tandis que se développe aux violons un accompagnement en croches très tourmenté engendrant des dissonances acerbes. Le thème initial se modifie en dramatiques sonneries des cors et des trompettes. Tout ce développement est unique dans les symphonies de l'époque par son contrepoint serré et son caractère sévère. La re-exposition affirme triomphalement le thème principal.


L'adagio cantabile s'ouvre par un thème ayant un caractère de cantique ; il présente aussi une ressemblance avec l'air de la comtesse "Dove sono..." Dans les Noces de Figaro. La suite est assez similaire à un passage de l'andante de la symphonie n° 41 Jupiter de Mozart comme cela a déjà été dit (6). Chez Haydn ce passage débouche sur un "minore" particulièrement émouvant dans lequel le thème, du fait de sa transposition dans le mode mineur, devient chromatique: sol, la bémol, fa#, sol (7). Ce thème est joué principalement par les basses dans différentes tonalités mineures ; il est accompagnés par les violons staccato et par les bois dans leur registre aigu. On croit entendre des sanglots dans cette musique désespérée. Dans la re-exposition très modifiée, le thème aux violons est maintenant accompagné par un violoncelle solo. Les deux hautbois s'emparent du thème à leur tour et sont également accompagnés par les sextolets du violoncelle solo. Après un magnifique passage confié aux bois, le mouvement se termine pianissimo dans une ambiance apaisée.


Comme dans toutes les symphonies Londoniennes, le menuetto allegro est un brillant morceau symphonique aux vastes proportions.


Le finale presto 6/8 est une structure sonate de près de 400 mesures. Le thème spirituel au rythme caractéristique est joué d'abord piano aux violons, il fait bientôt l'objet d'une puissante élaboration symphonique. Le second thème encore plus léger et aérien de caractère quasi Rossinien (8) donne lieu à de jolis échos des flûtes et bassons. Ce second thème fera les frais du développement, il est joué piano timidement au premier violon solo en ré bémol majeur et par enharmonie (9) passe en ut dièze mineur, tonalité très éloignée du ton principal provoquant une curieuse sensation chez l'auditeur. Un thème nouveau basé sur un arpège descendant apparaît fortissimo aux cordes, thème très voisin d'un motif apparaissant à la même place dans la symphonie Prague de Wolfgang Mozart! Le contraste est vif entre ce puissant tutti symphonique et le second thème que le violoniste soliste fait passer par les tonalités les plus variées. Les deux thèmes s'opposent ainsi pendant toute la durée du développement. La re-exposition, d'abord voisine de l'exposition, aboutit à un point d'orgue et à un changement de tempo qui de presto passe à moderato: le premier thème reparaît, nettement modifié car agrémenté d'une gamme chromatique, il est suivi par un passage à l'orchestration massive impliquant abondamment les trompettes et les cors de caractère très beethovénien. Enfin un dernier retour du thème principal piano au violon se produit avec cette fois un magnifique accompagnement de clavecin, surprise soigneusement ménagée ou dernière facétie du génial maestro? Ainsi une symphonie qui avait commencé dans le drame se termine dans l'allégresse.


Dans ces trois oeuvres imposantes et dans l’Echelle de soie de Rossini, le Basel Kammerorchester et Il giardino armonico ont uni leurs forces pour le meilleur. Les instruments à cordes et les bois datent pour la plupart du temps de Joseph Haydn, les trompettes et les cors sont naturels. Le son produit est prodigieux et est vraisemblablement fidèle à ce que Haydn aurait souhaité écouter de son poste de directeur musical à Londres dans la décennie 1790. 


Le tapis bleu (1925)  Centre national d'art et de culture Georges Pompidou.



(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp 1205-12.

(2) E.C. Robbins Landon, Joseph Haydn Symphonies 88-92, Dover Publications, New York, 1983.

(3) Anthony Hodgson, The Music of Joseph Haydn. The Symphonies, The Tantivy Press London, 1976, pp. 119-21.

(4) Staccato, spiccato: termes violonistiques signifiant que les notes doivent être jouées détachées avec un coup d'archet spécial. https://fr.wikipedia.org/wiki/Staccato

(5) Anthony Hodgson, The Music of Joseph Haydn, The Symphonies, The Tantivy Press, London, 1976, pp. 137-8.

(6) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp 1296-9.

(7) La remarquable partie centrale en sol mineur du second mouvement du trio en mi bémol majeur pour clarinette, alto et piano K1  498 de Mozart est basée sur un motif identique.

(8) Les motifs rossiniens sont nombreux dans les dernières symphonies de Haydn : finales des symphonies n° 86 (2 ème et 3 ème thèmes), 88, 92 (2 ème thème).

(9) Enharmonie. Haydn transforme une séquence re bémol mi bémol en do# re# voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Modulation_(musique)


mardi 15 octobre 2024

Rinaldo de Georg Friedrich Haendel Beaune 2024

© Photo ars-essentia - La cour des Hospices de Beaune. En raison d'un orage, la représentation de Rinaldo fut transférée à Notre-Dame de Beaune.


Le plus somptueux des opéras italiens de Haendel

Premier opéra londonien en langue italienne de Georg Friedrich Haendel (1685-1759), Rinaldo, HWV 7, constitue le plus grand succès du Caro Sassone avec plus de cinquante représentations. Cet opéra seria a été composé en 1711 sur un livret écrit en italien par Giacomo Rossi (?-1731) à partir d’un scénario fourni par Aaron Hill (1685-1750). L’œuvre a été donnée pour la première fois le 24 février 1711 au Queen’s Theatre Haymarket à Londres. Les circonstances de la création et son analyse ont été évoquées dans des articles antérieurs de la revue musicale BaroquiadeS (voir les chroniques des productions de Halle (1) et de Nantes (2)). Le lecteur désireux d’en savoir plus sur l’oeuvre, peut consulter l’excellent article paru dans Wikipédia (3). Une version de concert donnée au Théâtre des Champs Elysées en février 2024 avec une distribution très voisine de celle du présent concert, a été récemment commentée par l’un de mes confrères (4).

La distribution de la production jouée au 42ème Festival International d’Opéra Baroque et Romantique de Beaune le 27 juillet 2024, est voisine de celle du TCE mentionnée plus haut, avec cependant d’importantes différences. Le rôle d’Almirena, précédemment attribué à Emöke Barath est désormais confié à Gwendoline Blondeel tandis que Chiara Skerath naguère attributaire du rôle d’Almirena au TCE, prend celui d’Armida à Beaune. Lucile Richardot, une habituée du rôle de Goffredo, cède la place à Lorrie Garcia. Il n’y a pas d’autres changements : Carlo Vistoli incarne toujours Rinaldo tandis que les rôles d’Eustazio et d’Argante sont toujours confiés respectivement à Anthéa Pichanick et Victor Sicard.

© Photo ars-essentia - Carlo Vistoli

Ayant entendu plusieurs contre-ténors dans le rôle de Rinaldo, il est devenu évident pour moi ce samedi soir que Carlo Vistoli en était l’interprète idéal. Il a toutes les qualités requises pour ce rôle. La projection de la voix est optimale, le timbre est rond, clair et pur, la diction idéale, le légato parfait. Cette dernière qualité est particulièrement précieuse : les notes sont liées et ont le même poids quel que soit le registre et le chanteur évite les à-coups et les éclats de voix si fréquents chez les contre-ténors. Avec une technique aussi éprouvée, Vistoli peut se concentrer sur l’expression. Le résultat est au-delà de toute espérance, notamment dans le sublime Cara sposa en mi mineur où le contre-ténor donne un supplément d’âme à ce morceau proche de la musique d’église avec ses austères marches harmoniques des basses (I.7). Il donne enfin une magistrale démonstration de virtuosité dans Or la tromba in suon festante (III.9), aria da capo accompagné de deux trompettes électrisantes et des timbales. Les prouesses vocales, mélismes, accaciatures, trilles, intervalles de plus d’un octave, sont d’autant plus délectables qu’elles ne sont jamais gratuites mais toujours au service de l’expression dramatique.

Connaissant bien la voix de Chiara Skerath mais ne l’ayant jamais vue sur scène, j’ai été conquis par cette soprano. En plus de son art vocal, elle m’est apparue comme une actrice remarquable. Son intervention dans Furie terribili (I.5) est certes fracassante comme il se doit mais elle a bien d’autres cordes à son arc et il n’est pas possible de les citer toutes tant ce rôle d’Armida est riche d’affects et de contrastes. Dans le déchirant lamento avec hautbois et basson obligés, Ah ! crudel, il pianto mio en sol mineur (II.8), d’une écriture très raffinée, elle fait montre à l’évidence de ses dons de tragédienne. Changement complet de registre avec Voi far guerra e vincer voglio (II.9) où la soprano piaffe d’impatience avec beaucoup d’humour tandis que le génial claveciniste Philippe Grisvard se lance dans un concerto pour clavecin et semble ne devoir jamais s’arrêter (cette partie était tenue par Haendel lui-même ! ) (6). Enfin elle peut démarrer son chant et exprimer ses magnifiques qualités, notamment la projection à la fois puissante et douce de sa voix, son dynamisme et sa sensibilité à fleur de peau.

© Photo Lucie Bolzan - Chiara Skerath

Le rôle d’Almirena est un cadeau pour une chanteuse mais aussi un piège. On « l’attend au tournant » dans le mythique, Lascia ch’io pianga en fa majeur. Gwendoline Blondeel montra qu’elle avait toutes les qualités pour faire de cette sorte de sarabande, un merveilleux moment musical. La tâche n’est pas facile car la voix doit avoir une certaine ampleur afin d’éviter un son trop maigre. D’autre part le sens des nuances est essentiel car les parties A et B de l’air sont différentes : résignation dans A et esprit de révolte dans B. La soprano a parfaitement géré ces conditions et a livré une prestation poignante d’une grande précision dans l’expression des sentiments. Auparavant elle nous avait emmené dans le monde des rêves dans le suave Augelletti, che cantate, air accompagné par deux flûtes à bec alto et une flute à bec sopranino, morceau enchanteur que la soprano chanta avec ferveur.

Le duetto des Sirènes. (II.3), Il vostro maggio, était chanté par les deux sopranos Gwendoline Blondeel et Chiara Skerath. Impossible pour le commun des mortels de résister au charme fou de ce duo d’enfer. Pourtant Rinaldo et sa troupe de moines soldats y sont arrivés ! Cette merveilleuse et troublante sicilienne, tirée de la cantate Arresta il passo, composée par Haendel en Italie entre 1706 et 1710, pourrait tirer son origine, à mon humble avis, de la musique populaire napolitaine.

Goffredo (Godefroy de Bouillon), général en chef de l’armée des croisés et père d’Almirena, était incarné par la mezzo Lorrie Garcia. Cette dernière donnait le ton dans la première aria de l’opéra, Sovra balze scoscese e pungenti, celui de l’héroïsme. La voix au timbre martial et velouté (oui c’est possible) éblouissait par la qualité de ses graves, une intonation parfaite et une diction impeccable. Le héros ne faiblissait pas – bien que sa fille et son champion fussent aux mains de l’ennemi – dans son air superbe dans le mode mineur (II.3), Mio cor, che mi sai dir ? Dans cet air très véhément, le héros prêt au sacrifice suprême, constate la vanité de la gloire. Cette chanteuse remarquable fut pour moi une découverte.

© Photo ars-essentia - Anthea Pichanick

Eustazio, frère de Goffredo, disparait le plus souvent dans les mises en scène modernes de cet opéra, Haendel avait déjà supprimé ce personnage dans sa version de 1731 de Rinaldo. J’étais très heureux de pouvoir enfin l’entendre. Aucune musique du Caro Sassone n’est ainsi perdue et on s’en félicite car les trois airs d’Eustazio sont superbes et Anthéa Pichanick leur donne un lustre phénoménal de sa superbe voix de contralto. J’ai bien aimé l’aria Siam prossimi al porto (II.1), dans lequel Eustazio exprime son espoir d’arriver au port, première étape de sa mission, d’une belle voix très douce et parfaitement projetée.

La plupart des opéras de Haendel comportent un rôle de méchant et Rinaldo n’échappe pas à la règle avec Argante. Pas aussi détestable que Polinesso dans Ariodante ou Garibaldo dans Rodelinda, le roi de Jérusalem est prêt à en découdre avec les croisés par tous les moyens, y compris en recrutant la magicienne Armida. Ce rôle est attribué ici à Victor Sicard, baryton-basse. Le premier air, Sibillar gli angui d’Aletto (I.3), est remarquable par le contraste existant entre la somptuosité de l’équipage du roi, évoquée par deux martiales trompettes et l’appréhension de ce dernier vis à vis des maléfices promis par son amante, figurés par des hautbois diaboliques. Le baryton éblouit par la projection phénoménale de sa voix, la beauté du timbre et une superbe diction. L’air suivant, Vieni o cara, au rythme de sicilienne, n’est pas moins remarquable par son introduction mystérieuse ; le baryton impressionne par son chant très nuancé alternant entre puissance et séduction mélodique ainsi que par son remarquable travail d’acteur. Un Argante de grande classe !

© Photo ars-essentia - Benjamin Narvey

L’orchestre est le plus fourni utilisé par Haendel pour un opéra seria. La sinfonia ouvrant l’opéra comportait trois mouvements : une vaste ouverture à la française avec rythmes pointés et fugato alla Lully, suivait un poignant solo de hautbois adagio et pour finir un allegro 3/8 guilleret. Thibault Noally à la tête de l’orchestre Les Accents a innové en confiant les bariolages ultra-rapides des premiers violons de la fugue aux flûtes à bec. J’ai été impressionné par la précision des attaques des cordes et leur beau son ainsi que par une excellente violoncelliste soliste. Tous les violonistes et altistes jouaient sur des instruments anciens munis de boyaux, sans coussin, sans mentonnière, le plus souvent posés sur la clavicule. Il faut féliciter les agrestes flûtes à bec, une virevoltante petite flûte, des hautbois mordants, un basson virtuose (Nicolas André) dans l’aria di furore de Rinaldo, Venti, turbini. Les trompettes naturelles guerrières et les timbales (Michèle Claude) apportaient beaucoup d’éclat et de brio. Félicitations au continuo : basse d’archet, clavecin (Philippe Grisvard) ou orgue positif (Brice Sailly), très efficace. Thibault Noally réalisait la prouesse de diriger tout ce beau monde en assurant, violon et archet à chaque main, la place de violon soliste.

J’eusse préféré que toutes les splendeurs du concert de ce samedi 27 juillet 2024 fussent gravées dans le marbre par un enregistrement. Ces espoirs furent hélas rapidement douchés. J’espère que ma modeste contribution permettra d’entretenir un tant soit peu le souvenir de ce mémorable Rinaldo, le meilleur au plan vocal et instrumental que j’ai entendu à ce jour.

  1.   https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/rinaldo-halle2018
  2. https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/rinaldo-haendel-cuiller-nantes-2018
  3. https://en.wikipedia.org/wiki/Rinaldo_(opera)
  4. https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/rinaldo-haendel-noally-tce-2024
  5. Cet article a été déjà publié sous une forme légèrement différente dans BaroquiadeS. https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/rinaldo-haendel-noally-beaune-2024
  6. Olivier Rouvière, Les Opéras de Haendel, Un vade-mecum, Van Dieren, Paris, 2023, pp 111-5.





mercredi 14 août 2024

Haydn 2032 - volume 3 - Solo e pensoso - Giovanni Antonini



Parmi les titres de ce volume, Solo e pensoso est un air avec accompagnement d'orchestre de Joseph Haydn (1732-1809) écrit en 1798 au soir de sa vie. L’opéra L’isola disabitata (l’île déserte)  a un titre explicite. Le poignant largo de la symphonie n° 64 en la majeur, Tempora mutantur, décrit un cheminement dans une contrée désertique et un air raréfié. Toutes ces musiques nous montrent que Joseph Haydn ne fut pas toujours le joyeux papa Haydn de la légende mais souvent un homme seul, sujet à des accès de mélancolie.

Symphonie n° 42 en ré majeur, Hob I.42

La symphonie n° 42 en ré majeur a été composée en 1771, date inscrite sur le manuscrit par Joseph Haydn. Cette symphonie est donc contemporaine de la symphonie n° 44 en mi mineur Funèbre. De la symphonie funèbre elle a les proportions épanouies et une grande inventivité mais son caractère optimiste et même joyeux est bien différent de celui pessimiste et parfois accablé de la symphonie n° 44. L'instrumentation, plus étoffée que naguère, comporte le quintette à cordes, le continuo, deux hautbois, deux bassons et deux cors. Les bassons ne se contentent pas de doubler la basse, ils ont un rôle de solistes dans certains passages (1).


L'indication de mouvement Moderato et maestoso 4/4 suggère d'emblée un rôle exceptionnel dévolu au premier mouvement. En effet ce dernier a de vastes dimensions si on le compare aux symphonies précédentes (n° 58 Le Feu par exemple), il comporte trois thèmes. Le premier nous transporte dans le monde de l'opéra bouffe, il se compose d'un accord forte de tout l'orchestre suivi d'amusants rythmes lombards. Le deuxième thème exposé piano est remarquable par son instabilité tonale et également par sa longueur. Quelques mesures de transition nous amènent au troisième thème franchement détendu qui clôt l'exposition. Le très beau développement est principalement construit sur le premier thème et en particulier sur les rythmes lombards qui donnent lieu à des modulations raffinées et parfois audacieuses. On remarque également, dans ce développement, la richesse et la profusion des nuances indiquant la dynamique sonore, passant souvent du pianissimo au fortissimo. La ré-exposition est fortement modifiée par rapport à l'exposition, en particulier le second thème donne naissance à une extension très expressive.


Dans le deuxième mouvement Andantino e cantabile 3/8 en la majeur, on remarque la précision de l'indication de mouvement. La plus grande partie est écrite pour les cordes seules avec sourdines donnant ainsi une sonorité rêveuse et voilée. Le thème est très doux et me semble avoir un caractère vocal, impression renforcée par les ornements qui habillent un second exposé du thème. A la fin du développement règne un air raréfié typique de plusieurs mouvements lents de la période Sturm und Drang. Lors de la réexposition, la deuxième exposé du thème principal est chaleureusement harmonisée par les hautbois et les cors dont l'intervention est d'autant plus remarquée qu'ils étaient pratiquement muets dans ce qui précédait. La suite ne présente que peu de changements par rapport au début. L’interprétation de l'orchestre Il Giardino Armonico et de son chef Giovanni Antonini est optimale dans ce mouvement avec des contrastes tout à fait remarquables.


Le menuet Allegretto est un élégant menuet de cour au caractère typiquement autrichien, il me semble. Le trio est écrit pour quatuor à cordes.


Le finale Scherzando e Presto 2/4 est un mouvement très original et inventif. Haydn expérimente une forme nouvelle dans une symphonie, sorte de compromis entre le thème varié et le rondo, structure qui aura une longue et glorieuse postérité dans ses oeuvres futures. Le thème assez bref, exposé par les cordes seules, est encadré par de doubles barres de mesures. La première variation (qui peut être vue comme un premier couplet de rondo) est jouée par les hautbois, cors et bassons solistes et produit un effet de surprise après le thème aux cordes. La deuxième variation pour les cordes aux doubles croches véloces et nerveuses, produit un grand effet et on pense à la première des célèbres variations sur un thème de Haydn de Johannes Brahms. Il Giardino Armonico donne à cette variation un dynamisme extraordinaire. L’épisode suivant en ré mineur ressemble beaucoup plus à un couplet de rondo, bien que l'on puisse aussi imaginer une troisième variation. En tout état de cause ce couplet est remarquablement étendu, oscille entre rires et larmes et évoque nettement l'opéra bouffe. Les vents se joignent aux cordes dans la quatrième variation d'une magnifique sonorité qui reprend presque sans changements le thème initial. C'est par une brillante coda dans laquelle on entend des échos du couplet central que ce termine cette symphonie qui témoigne de façon éloquente de l'évolution prodigieuse du musicien au cours  de la période allant de 1766 à 1773. 


New York Movie (1939) - Edward Hopper - Museum of Modern Art - New York City 


Symphonie n° 4 en ré majeur, Hob I.4

La symphonies n° 4 en ré majeur partage avec la n° 10 dans la même tonalité un certain nombre de traits communs. Toutes deux sont antérieures à 1761, date de l'entrée de Joseph Haydn au service de Nicolas I Esterhazy. Certains traits archaïques font classer ces deux oeuvre parmi les premières symphonies de Haydn et leur date de composition possible se situe entre 1757 et 1761. Elles sont toutes deux en trois mouvements vif, lent et vif et adoptent donc le plan de la sinfonia à l'italienne, plan rapidement abandonné par Haydn dès 1761. Leur instrumentation comporte deux hautbois, deux cors, un basson doublant la basse et le quintette à cordes (2). 


La symphonie n° 4 débute avec un Presto 4/4 dont le sujet principal est très énergique. Le second thème est à la dominante mineure (la mineur), trait archaïque. Le développement est construit sur le thème principal et utilise très ingénieusement des motifs de l'exposition. L'art de construire un développement en élaborant le matériel thématique de l'exposition est vraiment un trait dominant du style de Joseph Haydn et cela dès ses premières oeuvres (2).


L'andante ré mineur 2/4 est certainement un des plus beaux mouvements lents de la "jeunesse" de Haydn. Tandis que les cordes graves et le continuo marquent le rythme, le second violon joue un dessin syncopé qui se maintient pendant pratiquement toute la durée du morceau et le premier violon joue une note tenue pendant plusieurs mesures qui se mue en thème, à la manière d'une messa di voce d'un chanteur d'opéra. On a là un exemple frappant de la manière de Haydn qui fait collaborer plusieurs instruments pour créer à l'audition une phrase musicale envoûtante. Cet andante comme beaucoup de mouvements lents de l'époque est écrit pour les cordes seules. Les archets d'Il Giardino Armonico lui donnent un son inimitable.


Le tempo di minuetto final 3/8 est un menuet de vastes dimensions anticipant les grands menuettos des symphonies de la maturité. Il n'y a pas de trio.


Voyageur contemplant une mer de nuages  - Caspar David Friedrich - Kunsthalle - Hamburg


Symphonie n° 64 en la majeur, Tempora mutantur, Hob I.64

Ce titre tempora mutantur (Les temps changent) apparait sur la copie Esterhazy de Francfort du manuscrit. D’après Marc Vignal, il est peut-être de Haydn lui-même. Selon le même auteur, « de toutes celles composées avant 1773, la symphonie n° 64 en la majeur apparait certainement la plus mozartienne....., par ses frémissements et sa sensibilité à fleur de peau, elle tend d'avance la main à Mozart, qui bientôt allait en donner le pendant avec sa 29 ème symphonie en la majeur KV 201 du 6 avril 1774 » (3,4). A mon humble avis, cette symphonie n'a rien de mozartien, c'est une des plus personnelles, étranges et novatrices de Haydn. Elle pourrait avoir été inspirée par les six symphonies pour cordes Wq 182 de Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788), publiées la même année (5).


A la rigueur le premier mouvement Allegro spirituoso par son instabilité tonale, ses extraordinaires modulations à la fin de l'exposition, pourrait annoncer le premier mouvement du quatuor en ré majeur KV 499 (1786) mais il est hautement improbable que Wolfgang Mozart (1756-1791) ait connu cette symphonie et s'en soit inspiré. Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico surclassent toutes les autres versions dans ce mouvement particulièrement aventureux dont l'indication de tempo ne reflète pas du tout le caractère. Le chef italien s’y identifie à l’âme inquiète et tourmentée de Haydn. Il interprète avec beaucoup de sensibilité, les multiples nuances dont ce mouvement est truffé.


Le Largo en ré majeur est le sommet de l'oeuvre, c'est un morceau sublime dont Marc Vignal en a fait une analyse pénétrante après laquelle il n'y a plus rien à ajouter (3). C'est un des premiers exemples de ces grands largos métaphysiques qui ponctuent la production de Haydn, le second étant le mouvement lent de la 86 ème symphonie en ré majeur (1786), le troisième, celui stratosphérique de la symphonie n° 88 en sol majeur de 1787. Avec le présent disque, nous avons une excellente version sur instruments d'époque qui rend justice à ce mouvement, un des sommets de la création haydnienne des années 1770. A la fin du Largo on entend les harmoniques graves d'un des cors frotter dangereusement avec les cordes graves tandis que l'autre cor émet des notes répétées très expressives. L'effet est époustouflant!


Le finale Presto à 2/2 est d'une intense originalité, révolutionnaire par la forme et le fond, c’est un rondo présentant des caractéristiques d'un thème varié car refrain et couplets sont souvent apparentés et ceux d'une structure sonate du fait que certains couplets peuvent être considérés comme des développements. Le thème du refrain à la fois brillant, incisif et d'une grande énergie latente donne à ce finale concis toute sa personnalité. L'intermède le plus remarquable est l'intermède mineur d'une extrême violence qui nous replonge dans le climat Sturm und Drang (Tempête et tension) (7). Cité par Marc Vignal, le musicologue Jonathan Foster fait remarquer que le refrain s'adapte aux paroles d'une épigramme du poëte gallois John Owen (1565-1622) "Tempora mutantur nos et mutamur in illis" (Les temps changent et par eux nous sommes changés) (3).


L’Isola disabitata, Ouverture 

L’isola disabitata Hob XXVIII.9 est un opéra composé par Haydn en 1779 qui décrit une intrigue sentimentale sur une île déserte (6). Il est introduit par une ouverture qui a la coupe vif, lent, vif de la sinfonia à l'italienne. Le premier mouvement en sol mineur, précédé par une dramatique introduction lente, est un mouvement de sonate très "Sturm und Drang", munie d'un superbe développement contrapuntique. Ce mouvement puissant et fougueux est interrompu par un délicat allegretto très mélodieux en sol majeur. Le troisième mouvement est une version considérablement abrégée du premier. Cette magnifique sinfonia a le mérite de mettre le spectateur en condition pour apprécier l’action dramatique qui suit ; elle est probablement la plus étonnante ouverture de Joseph Haydn par ses vastes dimensions, ses rythmes sauvages, ses harmonies féroces qui en font un mouvement d'exception. On peut même se demander si cette introduction n'est pas excessive vu le caractère plus apaisé de l'azione dramatica qui suit. En fait cette ouverture décrit probablement la terrible tempête responsable du naufrage du bateau dans lequel se trouvaient Costanza et sa jeune soeur Silvia, cause de leur échouement sur une ’île déserte. En tous cas Giovanni Antonini en donne une interprétation fulgurante à la hauteur de la valeur de cette oeuvre.


Solo e pensoso, air pour soprano

Le texte de cet air Hob XXIVb.20 est le sonnet XXVIII de Pétrarque. « Seul et pensif, le poète parcourt à pas lents les camps les plus déserts… ». En 1798, Haydn écrit sur ce texte une musique mélancolique et dépouillée qui est presque une confession (7). Comment ne pas voir dans ce sonnet la manifestation de la solitude morale du compositeur et son regret de n’avoir pu trouver l’âme soeur qui aurait pu le comprendre ? Francesca Aspromonte, en donne une version maitrisée et émouvante. D’abord sereine, la voix s’anime dans l’intermède en si bémol mineur et révèle le feu qui couve dans le coeur du poète mais que la soprano réprime car l’heure n’est pas aux épanchements inconsidérés.  

  1. Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 995-7.
  2. Marc Vignal, ibid, pp 822-7.
  3. Marc Vignal, ibid, pp. 1004-6.
  4. Luigi Dalla Croce, Les 107 symphonies de Haydn, Dereume, Bruxelles, 1976, pp. 195-7.
  5. https://www.baroquiades.com/articles/recording/1/cpe-bach-symphonies-alte-musik-berlin-hm
  6. https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/isola-disabitata-haydn-karoui-dijon-202
  7. Marc Vignal, ibid, pp. 1384.




High Noon (1949) - Edward Hopper