Sophie
Kassies
Théâtre
musical sur des œuvres de Henry Purcell, Georg Friedrich Haendel et
Claudio Monteverdi
Créé le 30 janvier 2005 au Jeugdtheater Sonnevanck à Enschede (Pays-Bas)
Production du Junge Oper Stuttgart
Créé le 30 janvier 2005 au Jeugdtheater Sonnevanck à Enschede (Pays-Bas)
Production du Junge Oper Stuttgart
Rogier
Hardeman,
Mise en scène
Anna Stolze, Décors et Costumes
Thibault Gaigneux, Eclairages
Benoît Haller, Préparation Musicale
Mike Tijssens, Traduction française
Anna Stolze, Décors et Costumes
Thibault Gaigneux, Eclairages
Benoît Haller, Préparation Musicale
Mike Tijssens, Traduction française
Julien
Freymuth,
Mouton
Anaïs
Yvoz*,
Mouton 2, Mme Muller, Annelise, Ange
Sébastien
Dutrieux,
Mouton 6, Prince Lorenzo, Cunibert le Gardien, Dolores, Maître de
maison
Yoann
Moulin**,
Clavecin, Orgue positif, et les rôles de Mouton 3, M. Dupont,
Pierre, Invité, Vagabond
Marie
Bournizien**,
Harpe, et les rôles de Mouton 4, Niki, Tante Nicole, Maîtresse de
maison
Elodie
Peudepiece**,
Violone, et les rôles de Mouton 5, Charles, Invitée, Pêcheur
*Artiste
de l'Opéra Studio de l'OnR
**Musiciens
de La Chapelle Rhénane
Opéra
National du Rhin, Création
en France
Qui
suis-je ?
Comment trouver ma place dans la société, devenir un être social
et en même temps un individu ? Tout commence avec un nom !
Au Moyen-Age, le serf n'avait pas de nom. L'abolition du servage
commence avec l'attribution d'un patronyme. En
Russie, le nom de famille est un phénomène récent :
dans les hauts rangs de la société, il apparaît dès le XVIe
siècle, mais chez les paysans, ce n'est qu'après l’abolition du
servage qu’il est adopté.
La
recherche d'un nom, c'est la quête d'identité, de personnalité que
poursuit Mouton et qui va le mener dans différents endroits qui ne
sont pas les meilleurs pour se faire... un nom : un poste de
police, un cimetière, une confrérie de moines, un bal masqué où
il jouera des rôles qui ne sont pas faits pour lui et sera chaque
fois rejeté comme étranger, illégal.... Pas facile d'avoir un nom,
personne ne veut donner son nom, pas même les morts...
Pourtant
Mouton réussira, peut-être à son corps défendant, à obtenir la
précieuse petite boite où, qu'il le veuille ou non, se trouve son
nom. Va-t-il l'ouvrir, découvrir son identité, achever sa quête du
moi et devenir un individu ou bien se fondre de nouveau dans la
chaude communauté moutonnière qui l'a vu naître ? La réponse à ces
questions est donnée sans ambiguïté à la fin du spectacle. Cette
réponse peut étonner, voire choquer mais il est à parier qu'à
partir de ce moment, rien ne sera plus comme avant !
Entre
Mouton en quête d'un nom et son ami, le prince Lorenzo qui ne veut
pas régner et cherche à se fondre dans le troupeau, il y a
l'arbitrage subtil de l'interaction de l'individu avec la société,
un parcours initiatique auquel le spectateur est convié. Voilà qui
ne manquera pas de frapper l'imagination des petits et de donner
matière à réflexion aux plus grands !
Confier
plusieurs rôles aux instrumentistes de l'orchestre , voilà une
brillante idée de la mise en scène inventive et inspirée de Rogier
Hardeman, assortie
d'une excellente direction d'acteurs.
Les musiciens sont acteurs, les acteurs sont musiciens, tous
concourent à réaliser la fusion de la musique instrumentale, vocale
et du théâtre, expression de l'opéra moderne ? Sur scène un
plateau tournant en bois chaleureux sur lequel évoluent les
personnages. Des trappes permettent aux protagonistes, de surgir et
de disparaître. Sur les côtés, des hublots offrent des espaces et
des perspectives supplémentaires. A des rampes fixées au plafond,
sont suspendus une incroyable variété d'objets :
paniers, arrosoirs, guirlandes, cages, boites à chapeaux, balais,
ustensiles de cuisine, de jardinage. Un long crochet, sorte de crosse
d'évêque, permet de saisir ces objets en fonction des lieux
traversés par notre héros. Tel est le décor des aventures
improbables de Mouton, imaginé par Anna
Stolze.
Les costumes chatoyants de Thibaut
Gagneux
et les éclairages riches de résonances d'Anna
Stolze
font merveille notamment dans les scènes de bal.
Plutôt
que de commander une musique originale, Sophie
Kassies
a préféré faire appel à certaines pages immortelles de la musique
baroque couvrant un large éventail allant du style prébaroque de
Monteverdi à celui, baroque épanoui, de Haendel en passant par
Purcell, Vitali et Vivaldi. Parmi les morceaux interprétés, j'ai
relevé le troublant
Si dolce è'l tormento
de Monteverdi SV 332 et le magnifique extrait No,
di voi non vo’ fidarmi,
de la célèbre cantate pour soprano et alto éponyme HWV 189 datant
de 1741 de Georg Friedrich Haendel dont le compositeur utilisera
également le matériau dans son Messiah. Cette démarche m'a paru
excellente aux plans esthétiques et pédagogiques.
Julien
Freymuth
dans le rôle titre est sur scène du début à la fin du spectacle.
Il fit preuve de grandes qualités de comédien et de chanteur. Son
exécution de Camminando
lei pian piano,
tiré de la cantate Vedendo
amore
HWV 175 fut remarquable de puissance, justesse et de sentiment. Par
son jeu nuancé, il exprima magnifiquement les tribulations du héros
au cours de sa découverte du monde.
Anaïs
Yvoz
qui avait fait des débuts remarqués à l'opéra du Rhin dans le
rôle de Barberina (Le Nozze di Figaro), confirma ici ses
remarquables qualités vocales, notamment dans le superbe lamento de
Monteverdi : Si
dolce è'l tormento.
D'une part son timbre de voix est très agréable, d'autre part sa
technique est irréprochable comme le montrent les redoutables
vocalises de No,
di voi non vo' fidarmi..
Son tempérament comique et son engagement se manifestèrent
pleinement dans les nombreux rôles qu'elle eut à endosser.
Dans
le rôle du Prince Lorenzo et bien d'autres personnages, le comédien
Sébastien
Dutrieux
fit valoir sa belle diction et sa prestance.
Une
harpe (Marie
Bournizien),
un clavecin ou un orgue positif (Yoann
Moulin)
et un violone (ancêtre de la contrebasse) (Elodie
Peudepièce)
étaient tenus par les musiciens accomplis de l'ensemble La Chapelle
Rhénane de Benoit
Haller.
A ceux qui s'étonneraient du petit nombre d'éxécutants, on peut
répondre qu'une telle formation était courante pour accompagner des
scènes dramatiques ou des cantates à l'époque baroque. En tous cas
les instrumentistes firent preuve de leur talent dans leur exécution
de l'Eté, tiré des Quatre Saisons de Vivaldi RV 315. Quand ils
lâchaient leurs instruments, c'était pour s'impliquer avec
enthousiasme dans les multiples rôles du scénario.
Le
public, composé essentiellement d'enfants âgés de cinq ans et
plus, m'impressionna par son attention et son sérieux. Au début les
manifestations moutonnières des protagonistes provoquèrent de
francs rires mais cette source se tarit et plus loin ce sont les
aspects féériques des pérégrinations du personnage titre qui
impressionnèrent davantage les jeunes spectateurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire