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mardi 16 juillet 2024

Haydn 2032 - volume 15 - La Reine - Giovanni Antonini


Marie-Antoinette d'Autriche (1755-1793), Dauphine de France (1770) par Joseph Ducreux (1735-1802)


Le projet Haydn 2032 consiste en l’enregistrement de l’intégrale des symphonies de Joseph Haydn (1732-1809) par le Kammerorchester de Bâle dirigé par Giovanni Antonini. Le volume 15 est centré autour de la célèbre symphonie n° 85 dite La Reine. Cette symphonie est un programme à elle toute seule par sa dédicace royale ; elle pourrait également avoir été inspirée par la danse. En effet plusieurs musicologues ont reconnu dans son introduction et les quatre mouvements qui suivent les éléments de la suite d’orchestre baroque. Les symphonies n° 62 et 50 qui complètent le CD sont, elles, visiblement influencées par le théâtre.


Symphonie n° 85,  La Reine, en si bémol majeur.

La symphonie n° 85 en si bémol majeur, La Reine, Hob I.85 est tellement connue qu'on ne réalise plus qu'à l'époque de sa composition en 1785 c'était une oeuvre très novatrice. Les dimensions sont plus imposantes que dans les symphonies précédentes, les idées plus nettes, et plus contrastées, les développements plus élaborés, la fusion entre style galant et savant plus complète, bref la symphonie La Reine est peut-être la première représentante du classicisme à son apogée. Certes la symphonie La Reine n'est pas la plus novatrice des Parisiennes, la symphonie n° 82, l’Ours, ou la n° 86 en ré majeur, peuvent toutes les deux revendiquer ce privilège mais elle incarne au mieux le caractère royal de sa dédicace et est évidemment la plus emblématique de la série. Il est probable que Wolfgang Mozart (1756-1791) qui connut probablement cette symphonie, dut être très impressionné par sa jeunesse, son inventivité et son modernisme, lui qui avait un peu trop hâtivement désigné Ignaz Pleyel (1757-1831) comme successeur de Joseph Haydn. La célèbre trilogie de Mozart composée en 1788 (symphonies en mi bémol KV 543, sol mineur KV 550 et ut majeur KV 551) porte indiscutablement la trace de l'influence des Parisiennes.


Si l'introduction Adagio avec ses rythmes pointés a une allure française, le Vivace qui suit et son rythme ¾ semble typiquement autrichien. Il est bâti sur un seul groupe de thèmes. Il commence piano avec un motif en croches détachées descendantes de caractère viennois contrastant avec les gammes ascendantes énergiques forte qui suivent. Plus loin un arpège fortissimo rappelle le début de la symphonie n° 45 Les Adieux (1,2). Alors que l'on attend un second thème, c'est le premier qui revient au hautbois avec de belles imitations entre ce dernier et les basses. Le développement débute avec le passage "Les Adieux" rallongé et plus véhément que jamais, le premier groupe de thèmes fait ensuite l'objet de nouvelles imitations entre violons et basses et enfin c'est la première partie du thème qui explose littéralement en sol mineur suivies par gammes ascendantes que la tonalité de ré mineur rend plus rageuses que jamais. La réexposition est semblable à l'exposition à de menus détails orchestraux près.


Le deuxième mouvement Andante 2/4 consiste en variations sur un thème d'ariette française très à la mode à l'époque. Ce mouvement est tellement connu que l'on ne remarque plus son orchestration délicate avec des violoncelles souvent distincts des basses ; la variation mineure est  émouvante, la quatrième variation est très gracieuse. Dans cette dernière, le thème reste toujours solidement arrimé aux cordes tandis qu'une flûte virevoltante improvise de délicates broderies autour du thème avec la plus charmante fantaisie. C'est enfin le basson qui a la vedette dans la dernière variation. Une courte et poétique coda met un point final à ce morceau.


Le troisème mouvement, un menuetto très rythmé est pittoresque avec ses rythmes lombards. Dans le trio, un laendler, on apprécie le jeux des vents, le basson d'abord puis le hautbois et la flûte tandis que les cordes accompagnent avec des pizzicatos.


Le finale Presto 2/4 est un puissant rondo sonate, un des jalons essentiels de l'évolution de cette forme musicale avant le fameux finale de la symphonie n° 99 en mi bémol majeur. Le thème très incisif est encadré de doubles barres de reprises. Le premier couplet reprend les deux premières mesures du thème dans un mouvement symphonique de grande ampleur, c'est ensuite un retour du refrain très écourté et alors éclate un splendide développement, un des plus longs et élaborés de Haydn à cette date. Le combat porte sur les quatre premières mesures du thème qui sont échangées avec la plus grande énergie entre le groupe des violons et celui des basses avec de part en part de violents coups de boutoirs syncopés. La ré-exposition du refrain est amenée grâce à une transition pianissimo d'une grande subtilité. Le retour du couplet est fortement condensé et une spirituelle coda en imitations entre les deux hautbois met un point final à ce finale somptueux.


Marie-Antoinette, reine de France par Élisabeth Vigée-Lebrun (1783)


Symphonie n° 62 en ré majeur

Composée par Joseph Haydn au cours de l'année 1780 ainsi qu'en témoigne une copie Ezsterhàza datée novembre 1780, la symphonie n° 62 en ré majeur, Hob I.62, présente la particularité unique d'avoir quatre mouvements dans la même tonalité (3). Elle figure, avec les n° 47 en sol majeur et la n° 75 en ré majeur, parmi les trois symphonies dont Mozart copia l'incipit en 1783 (3).


L'allegro initial est à peu de choses près identique à un des finales de la symphonie n° 53 l'Impériale (4). Il s'agit d'un morceau gai et festif, léger comme une bulle de champagne qui pourrait faire office de sinfonia ouvrant un opéra bouffe. Le second thème déroule une mélodie merveilleusement chantante. On remarque le rôle prépondérant de la flûte et la discrétion des basses qui donnent à ce morceau magistralement orchestré une sonorité à la fois brillante et transparente.


Une fois de plus le mouvement lent, allegretto, est le sommet de l'oeuvre. On a comparé ce morceau au duo Sull'aria entre Suzanna et la Comtesse du troisième acte des Noces de Figaro de Mozart (3). En tout état de cause on peut facilement imaginer que ce morceau enchanteur séduisit Mozart. Tout ici est digne d'admiration: la splendeur des thèmes, la subtilité de l'orchestration avec de délicieux frottements entre la flûte et les violons. Ce morceau est une structure sonate à deux thèmes munie d'un développement. Lors de la réexposition, un contrechant nouveau, se superposant au thème initial, produit une harmonie suprême.


Le menuet, telle une danse allemande, est très rythmé. Quant au trio, c'est un laëndler dans lequel le basson, doublant le premier violon, apporte une note pittoresque.


Le finale Allegro amène une nouvelle surprise. Le thème débute mystérieusement, piano, dans une tonalité différente (septième de dominante de sol majeur) du ré majeur attendu et ce n'est qu’à la septième mesure que la tonalité principale est franchement affirmée. Ce thème devient de plus en plus puissant et quand plus loin il passe au basses sous les trémolos des violons, l'effet est vraiment grandiose. Une fois de plus Marc Vignal évoque Mozart qui dans sa symphonie n° 36 en ut majeur KV 425 Linz de 1783 cite presque textuellement la successions d'accords vigoureusement sabrés qui suivent le premier exposé du thème principal (3). En fait ce morceau majestueux et puissamment architecturé n'a rien d'un finale et pourrait ouvrir une symphonie. C'est donc en quelque sorte une symphonie al rovescio que Haydn nous propose. Rien n'empêche donc d'écouter cette symphonie en inversant l'ordre des mouvements: successivement finale, menuet, allegretto, premier mouvement.


Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche, mère de Marie-Antoinette par Martin van Meytens (1759), Académie des Beaux-Arts de Vienne.


Symphonie n° 50 en do majeur

La symphonie n° 50 en do majeur Hob I.50 fut composée par Joseph Haydn en 1773, année féconde qui vit naître outre le remarquable opéra bouffe L'Infedelta delusa, les symphonies n° 51 en si bémol, la symphonie n° 64 en la majeur et la symphonie n° 65 en la majeur. Si les symphonies n° 51 et 64 sont de typiques représentantes du mouvement "Sturm und Drang" (5), par contre les symphonies n° 65 et 50 s'en écartent notablement. C'est compréhensible dans la cas de la symphonie n° 50 dont deux mouvements au moins dérivent d'un spectacle pour marionettes malheureusement perdu "Der Götterath". Selon EC Robbins Landon cette symphonie, et non pas la n° 48 (Marie-Thérèse), bien antérieure, aurait été composée à l'occasion de la visite de l'impératrice à Eszterhazà en 1773. L'instrumentation est typique des symphonies de jeunesse car elle comporte le quintette à cordes, deux hautbois, un basson doublant la basse, deux cors altos, deux timbales et peut-être deux trompettes doublant les cors. La présence des trompettes fait débat et Anthony Hogson recommande de s'en passer si on dispose de cors altos (6).


Après une introduction Maestoso remarquable par ses rythmes pointés, l'allegro ¾ nous emmène dans une ambiance festive. Le thème principal est asymétrique, il se compose d'un motif des violons piano suivi d'une réponse forte en croches du tutti. Clarté et transparence sont les maîtres mots qui définissent le mieux ce mouvement (et d'ailleurs la symphonie toute entière). Cette exposition très concise se termine par un second thème très doux. Le développement est basé principalement sur les deux motifs constituant le thème. Ce mouvement très court, à l'énergie contenue, ressemble bien plus à une ouverture d'opéra qu'à un premier mouvement de symphonie.


Avec le second mouvement Andante moderato 2/4, on se croirait revenu au temps des symphonies antérieures à 1761. En effet cet andante est écrit pour les cordes seules dans sa première partie. De plus un violoncelle solo joue constamment la même mélodie que le premier violon mais à l'octave inférieur comme on l'a vu dans l'andante ma non troppo de la symphonie n° 16 en si bémol majeur qui elle est antérieure à 1761 (7). Ce mouvement a une sonorité très particulière, assez étrange, unique dans les symphonies de Haydn. L'entrée des hautbois et des cors dans la seconde partie apporte un complément d'harmonie et une sonorité plus classique. Aucun nuage ne voile ce mouvement axé sur la beauté mélodique.


Le menuetto (appelé Menuet par Haydn) est certainement le mouvement le plus original de la symphonie. Il contraste par son "modernisme" (on le croirait composé à une date bien plus tardive) avec l'archaïsme du mouvement précédent. Ce menuet est construit comme un morceau de sonate en miniature. Le trio débute par les premières mesures du menuet qui amènent avec beaucoup de subtilité le thème du trio en fa majeur, un chant du hautbois de caractère presque tyrolien. Le chant du hautbois pianissimo s'enchaine au da capo du menuet avec élégance. Une recherche constante d'unité donne à la fois charme et rigueur à ce mouvement.


Le climat du finale Presto 2/2 est assez proche de celui du premier mouvement. Il débute pianissimo par un thème à la fois furtif et spirituel (oui c'est possible), thème répété une fois et suivi par une marche harmonique de caractère baroque qui nous renvoie à des symphonies en ut majeur antérieures (n° 41, 38, 32). Le développement est construit sur les deux premières mesures du thème qui font l'objet de modulations variées et de variations rythmiques intéressantes. La rentrée d'abord inchangée est par la suite notablement modifiée : la marche harmonique "baroque" gagne en éclat et puissance et à la fin un fortissimo dissonant de tout l'orchestre avec timbales déchainées annonce la symphonie n° 56 en ut majeur de l'année suivante.


Joseph Haydn avait dix huit ans à la mort de Jean-Sébastien Bach (1685-1750). Il eut comme professeur Nicola Porpora (1686-1768) qui lui apprit à composer pour la voix. C’est dire qu’il avait encore ses deux pieds dans le monde baroque quand il commença sa carrière de musicien. L’interprétation de Giovanni Antonini et du Kammerorchester de Bâle sur instruments d’époque tient compte de ces données historiques et en même temps apporte un vent de fraicheur. Au delà de la perfection technique de l’exécution, les artistes ajoutent un supplément d’âme à la célèbre symphonie La Reine. Comme d’habitude, ils triomphent dans les symphonies de jeunesse comme la n° 50 ou moins connues comme la ravissante n° 62 auxquelles ils donnent une authenticité indiscutable conférée par les instruments anciens et aussi par leur enracinement dans la musique baroque.







  1. Luigi Della Croce, Les 107 symphonies de Haydn, Dereume, 1976, pp. 282-4.
  2. Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard 1988, pp. 1195-6.
  3. Marc Vignal, ibid, pp. 1109-10.
  4. Marc Vignal, ibid, pp. 1003-4.
  5. Marc Vignal, ibid, pp. 881-2
  6. Antony Hodgson, The music of Joseph Haydn, The Symphonies, The Tantivy Press/London, 1976, pp. 77-8.
  7. Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 1006-7.


jeudi 4 juillet 2024

L'allegro, il pensieroso ed il moderato de Haendel - Martin Gester - Stéphanie Pfister

Vers 1740 Georg Friedrich Haendel (1685-1759) arrive à un tournant dans sa vie artistique. Ses opéras qui jusque là constituaient la plus grande partie de sa production, cessent de plaire. Serse (1738) considéré aujourd’hui comme un chef-d’oeuvre, chuta après cinq représentations ; en mélangeant allègrement épisodes comiques et scènes dramatiques à la manière des dramme per musica du 17 ème siècle, cet opéra dérouta le public anglais.  Deidamia (1740), dernier opéra italien, dont l’anti-héros, Achille, est déguisé en femme et confiné au gynécée afin de ne pas combattre devant Troie, n’eut guère plus de succès que Serse malgré son sujet original et ses qualités musicales. Haendel abandonne donc l’opéra pour se consacrer à d’autres formes d’expression musicale. Semele (1743), Hercules (1744) et Belshazzar (1744), censés renouveler le genre, n’arrivèrent point à convaincre le public londonien peut-être par ce que ce dernier sentit bien qu’il s’agissait d’opéras déguisés en oratorios par l’adjonction de quelques choeurs. Par contre L’Allegro, il Pensieroso ed il Moderato, HWV 55 (1740), une ode pastorale en musique, triompha à Londres et dans tout le royaume. Haendel y utilisa un poème de Charles Jennens (1700-1773) et s’en appropria  la belle langue poétique pour composer, pour la première fois peut-être, une oeuvre musicale pensée par lui en anglais (1,2). 

Dans cette oeuvre très originale, le poète et le musicien abandonnent la bergerie chère aux artistes du 18ème siècle pour des caractères allégoriques. Ces derniers n’ont pas un interprète attitré mais peuvent s’exprimer avec des voix différentes suivant les sentiments ou affects qu’ils véhiculent. Ainsi l’Allegro apparaît successivement avec la voix d’une soprano (Come, thou goddess fair and free), d’un ténor (Haste thee, nymph and bring with thee) et d’un baryton (Populous cities please me)! Ces voix diverses pouvaient chanter aussi bien la beauté de la nature que les tourments de l’âme.


© Pierre Benveniste.  Les chanteurs solistes, le choeur et Martin Gester.


L'ode, L'allegro, il pensieroso ed il moderato, a été exécutée à l'église Saint-Maurice d'Ebermunster par l’orchestre baroque et les chanteurs de la Haute Ecole des Arts du Rhin et du Conservatoire de Strasbourg, placés sous la direction de Stéphanie Pfister et de Martin Gester. Les nombreux intervenants qui chantent tout au long de l’oeuvre dans le choeur ou en tant que solistes sont de jeunes étudiants talentueux. Certains d’entre eux sont déjà des artistes confirmés. Vu les dimensions imposantes de l’ouvrage et compte tenu de contraintes horaires, les directeurs musicaux ont voulu avant tout exprimer l’esprit de l’oeuvre tout en respectant le mieux possible la lettre nonobstant quelques changements dans l’ordre des morceaux et quelques coupures.


Il n’est pas question de décrire de façon exhaustive une oeuvre aussi dense et touffue. Nous n’en retiendrons ici que les passages les plus remarquables. C’est la campagne anglaise que Haendel et Jennens décrivent. L’alouette qui plane sur les champs de blé, le chant du tendre rossignol, le bruit de la faux aiguisée par le paysan sont des images et des sons dont Joseph Haydn (1732-1809) se souviendra dans son quatuor à cordes Hob III.67 dit l’Alouette ou sa symphonie La Chasse Hob I.73 (3). Pour de plus amples informations, on peut consulter dans ces colonnes un article plus ancien sur cette ode pastorale (4). 


Corniste, traversiste, hautboïstes...


L’Allegro s’exprime d’abord par la voix de ténor joliment timbrée de Antoine Hummel dans Haste thee, Nymph and Bring with thee, repris par le choeur dans la joie la plus pure et la plus débridée. Il Pensieroso entre en scène avec un air superbe, Come, pensive nun, devout and pure, précédé par un récitatif comportant un arpège dissonant de septième majeure avec une tierce mineure. Il était chanté par la soprano Varduhi Toroyan avec une belle ligne de chant et un legato harmonieux. L’allegro revient au devant de la scène avec un air très brillant, Mirth, admit me of thy crew, accompagné par le magnifique cor naturel de Winder Arteaga. Cet air cynégétique était chanté avec beaucoup de brio et une belle voix bien timbrée par le baryton Shunsuke Suzuki


Haendel aima beaucoup les siciliennes. Presque toutes ses oeuvres en contiennent au moins une.  L’allegro (Antoine Hummel) reste dans cette ambiance bucolique et poétique avec l’air magnifique au rythme chaloupé, Let me wander, not unseen, que le ténor chante avec beaucoup de sensibilité et une voix de velours. L’instant est fugitif car cet air est malheureusement très court! La première partie s’achevait avec le célèbre Or let the merry bells ring round, chanté par la voix pure et céleste de Varduhi Toroyan accompagnée par le carillon et l’orgue. Quand le choeur reprend le chant et que la musique emplit toute la nef, l’instant est magique et on en a la chair de poule. La fin de l'épisode inspire à Haendel une musique recueillie et presque religieuse dans la tonalité « grave et dévote » de ré mineur (5).


La deuxième partie s’ouvre avec Il Pensieroso et un très bel air, Hence, vain deluding joys, chanté par l’excellent contre-ténor, Stéphane Wolf d’une voix bien assurée. On arrive alors au sommet de l’oeuvre, avec l’air du rossignol, Sweet Bird, that shun’st the noise of folly, chef-d’oeuvre vocal et instrumental où la voix (Sara Taboada) et un traverso (Clémence Toillon), accompagnés par un bel orchestre, se livrent à une céleste joute musicale. Sara Taboada, en musicienne exceptionnelle qu’elle est, nous gratifie d’une merveilleuse version toute en nuances et en délicatesse de ce morceau enchanteur. Le superbe duetto pour soprano (Varduhi Toroyan) et ténor (Antoine Hummel), As steals the morn upon the night, fait écho à un duo entre le hautbois (Irénée Groz, Quetoura Brinkert) et le basson (Diedelinde Linskens). Le thème un peu doucereux se grave instantanément dans la mémoire à la manière d’une rengaine. 


Les chanteurs et les instrumentistes ont offert une prestation de très haut niveau dans laquelle les voix étaient parfaitement dosées et équilibrées. Merci également aux prometteuses solistes Marie-Andrée Cinquin, Enora Mohsen, Gvantza Gagnidze et aux membres du choeur. Ce dernier sonnait avec éclat dans les nombreux passages choraux. Bravo aux cordes de l’orchestre, aux bois, au continuo : Corentin Caussin (Théorbe), Yu Nakamura (clavecin et orgue) et la basse d’archet, aux vaillantes trompettes naturelles (Louis Bussière, Alice Joguet) et à la percussion (Arthur Leplat).


Les violonistes et le théorbiste


Dans le cadre admirable de l’abbatiale d’Ebersmünster, le public conquis par les aspects terrestres et spirituels de l’ode, applaudit chaleureusement les artistes. L'air avec choeurs Or let the merry bells, fut bissé.



  1. Piotr Kaminski, Haendel, Purcell et le baroque à Londres, Fayard, 2010.
  2. Olivier Rouvière, Les Opéras de Haendel, Un vade mecum, Van Dieren, éditeut, 2021.
  3. Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, Paris, 1988.
  4. https://www.baroquiades.com/articles/chronic/1/allegro-penseroso-moderato-haendel-christie-beaune-2021
  5. Marc-Antoine Charpentier https://francisjacoblesite.wordpress.com/wp-content/uploads/2014/10/cc-tons-affect-des-tonalitecc81s1.pdf
  6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_d%27Ebersmunster


Peter Thumb (1681-1766), architecte, acheva l'abbaye d'Ebermunster en 1726.